Questions-Réponses du webinaire
Vous étiez près de 500 à assister au webinaire de lancement de ce guide le 11 mars 2021, et de nombreuses questions posées sont malheureusement restées sans réponse.
Pour autant, toutes étaient très intéressantes. Nous vous proposons d'y répondre dans cet article "Foire Aux Questions". Nous avons réparti ces questions dans les 4 thématiques (subjectives) du sommaire.
Réponses croisées de Richard Hanna (RH), Anne Faubry (AF), Frédéric Bordage (FB) et Aurélie Baton (AB) à ces questions sur l'éco-conception en design. Merci à eux d'avoir pris le temps d'y répondre et bonne lecture !
Design
1. Est-ce que le guide ne réduit pas l'éco-conception à une question de webdesign et non de design ?
RH : Le guide considère le design au sens large et au sens de la réflexion, notamment comme une démarche visant à définir précisément le besoin utilisateur, éliminer ce qui est superflu, simplifier le parcours utilisateur...
AB : Effectivement dans ce guide on aborde l’éco-conception de services numériques, mais la démarche reste celle de l’éco-conception comme définie dans la norme ISO 14062. Par la suite, nous souhaitons aussi y intégrer une partie qui traitera plus de l’aspect "Direction Artistique".
2. Est-ce que revenir à un design primaire, voire primitif du web 1.0, a un intérêt sur le plan écologique ?
Ou est-ce que les nouvelles technologies du web ont apporté des moyens de réduire malgré tout la consommation d'une page ou d'un service ?
FB : L’intérêt est clairement de prolonger la durée de vie des terminaux. Plus on est sur un socle standard et vieux et plus cela fonctionne sur de vieux terminaux. Or, la fabrication des terminaux représente environ 80% des impacts du numérique français. C’est une donc une clé importante de l’écoconception. Mais il ne faut pas se priver de certaines technos “dernier cri” si elles s'avèrent plus efficientes. Cf. https://www.greenit.fr/impacts-environnementaux-du-numerique-en-france/
3. Conseillez-vous des outils particuliers (type wireframing, design UX) pour l'éco-conception web ?
Voire des plugins (s'il en existe) pour des outils existants qui aident à l'éco-conception?
FB: Nous recommandons certains outils dans le guide, par exemple le plugin GreenIT-Analysis pour auditer son site (voir aussi les outils du collectif conception numérique responsable). Mais pour le prototypage, rien de spécial : les outils habituels (Adobe Xd, Sketch…).
4. Comment faire pour concevoir un applicatif "éco-conçu" qui soit utilisé ?
Sachant qu'on aura enlevé les éléments UI/UX qui font un site visuel, facile et utilisable, les chatbots, les carrousels, etc.
Le principe n'est pas d'enlever les UI/UX utiles, mais celles inutiles pour l'utilisateur.
AB : Un service éco-conçu peut tout à fait avoir des visuels attrayants et être esthétique. Et justement parce-qu'il est éco-conçu, l’expérience utilisateur devrait être au contraire améliorée et non dégradée. Les bonnes pratiques de ce guide sont là pour donner des orientations mais doivent bien sûr être adaptées en fonction des projets et des contextes. Si le chatbot est nécessaire dans votre contexte et que l’expérience en dépend, il s’agira dans ce cas de faire en sorte qu’il soit le plus “optimisé” possible et que l’utilisateur.rice trouve rapidement la réponse à sa question.
AF : Tout comme un site accessible pourra bénéficier à des utilisateurs qui ne sont pas en situation de handicap car il sera clair et simplifié, nous pensons qu’un site éco-conçu améliorera l’expérience et sera donc plus utilisé.
5. En complément des volets techniques et UX, qu’en est-il de la dimension "DA" ?
Pour aider à concevoir de nouvelles directions artistiques qui réconcilient esthétique et impact écologique ?
FB : très clairement, la DA fait partie de la problématique. L’enjeu c’est d’aboutir à une DA “utile” et “légère”, qui nécessite peu de ressources numériques tant au niveau du réseau que du terminal de l’utilisateur. Cela ne se limite pas forcément au minimalisme.
AB : la partie DA est effectivement un aspect que nous souhaitons développer pour la future version du guide.
6. Comment les designers (au sens large et pas seulement UX) peuvent-ils élargir leur domaine d'intervention ?
Vers une approche holistique, systémique, qui influe sur les modèles économiques et adresse les externalités négatives au plan environnemental ? Quels sont les obstacles ? Comment les surmonter ?
<p><strong>RH :</strong> C’est un vrai challenge ! En premier lieu, il faudrait que les designers soient davantage
impliqués dans les décisions. Plus globalement, tous les salariés, les concepteurs, les comptables,
les RH... devraient être impliqués dans la stratégie et les modèles économiques d’une boîte. C’est
là que des modèles d’organisations comme des associations à but non lucratif ou des coopératives
(Scop, Scic) sont intéressants.</p>
<p><strong>AF :</strong> Par ailleurs, de la même façon que les designers se retrouvent souvent à devoir évangéliser au
sein de leurs organisations sur ce qu’est réellement le design, ils peuvent diffuser les
connaissances autour de l’éco-conception aux autres métiers de l’entreprise (product owner,
développeurs, etc.). Nous pensons que cela peut permettre d'identifier les designers comme des
profils intéressants à embarquer en amont des projets et ainsi élargir leur domaine d’intervention à
des questions plus stratégiques.</p>
7. Vous parlez uniquement de l'UX design appliqué à la conception de produits numériques. Réfléchissez-vous aussi à une échelle plus large, incluant l'ensemble d'un service, dont le numérique ne serait qu'une partie ?
(design de service, logistique...)
FB : Dans le cadre du collectif conception numérique responsable nous réfléchissons à l’impact global du service via notamment sa quantification en s’appuyant sur une méthodologie de type Analyse du cycle de Vie (ACV) qui permet de prendre en compte les impacts évités et toute la matérialité associée à une unité fonctionnelle (trouver l’horaire d’un train, acheter un produit en ligne, etc.).
RH : il est primordial effectivement d’évaluer le numérique dans le contexte dans lequel il se trouve. Par exemple, la visioconférence ce n’est pas forcément un usage numérique sobre. Ok. Mais cela permet d’éviter des déplacements de personnes hautement plus impactant sur l’environnement. Contre-exemple, la “smart-city” est gourmande en équipements numériques mais très souvent l’évaluation des gains attendus ne porte que sur la question de l’électricité sans prendre en compte l’impact de la fabrication de ces équipements.
Travail, organisation & communautés
8. Comment gérez-vous, en tant que professionnels du web, vos besoins en matériel informatique ?
Ces besoins pouvant évoluer avec le temps et les logiciels qui s'améliorent, et demandent de plus en plus de ressources... et la nécessité d'avoir du matériel performant pour une fluidité de travail
RH : en effet, il est difficile pour des développeurs ou des designers de travailler avec des équipements plus de 4 ans. C’est possible mais compliqué, dû à la gourmandise des OS et logiciels les plus récents. Une solution à envisager pour réduire notre empreinte personnelle, c’est la location d’équipement via des offres comme celle de Commown.coop, l’achat d’équipements reconditionnés ou l’achat éthique et réparable (Fairphone, frame.work).
9. Comment se situe le niveau d'expertise et de sensibilisation à l'éco-conception en France comparé à nos voisins européens voire mondiaux ?
FB : La France possède une longueur d’avance sur le reste du monde. Cela fait très franchouillard mais c’est vrai. Le MIT et l’EPFL nous envie sur le sujet. C’est dire. Nous poussons les pouvoirs publics à créer une filière d’excellence car c’est bon pour l’image de la France et la compétitivité de ses startups. Nous préparons aussi avec l’Ademe le moyen de témoigner facilement du niveau d’écoconception atteint.
AB : D’autres pays en Europe et à l’international s’intéressent également au sujet de l’éco-conception, les approches sont différentes, mais les choses évoluent. L’article de Gauthier Roussilhe résume très bien les choses : Digital sustainability: a French update.
10. L’argument du profit et de l’économie pour vendre de l’écologie ne risque-t-il pas d’instaurer une croyance que faire de l’écologie sert uniquement à rapporter de l’argent ?
FB : Je ne pense pas car les consommateurs sont intelligents et ils font bien la part des choses entre les greenwashing et l’engagement sincère d’une entreprise. A nous de les aider à trier l’ivraie du bon grain.
RH : On parlait souvent de “People, Planet, Profit”. Le bon argument c’est plutôt People Planet Prosperity. Compte tenu de l’urgence écologique, un business n’est viable que s’il n’est pas en contradiction avec la préservation de la vie sur Terre.
AF : L’argument du profit est à utiliser avec parcimonie, en complément des autres raisons, notamment en dernier recours face à un décisionnaire qui y sera sensible. Si cela peut permettre plus de passage à l’action dans le sens de l’écologie, je pense qu’il est judicieux de l’utiliser.
11. Comment distinguer le vrai du faux par rapport aux informations sur l'écoconception ?
FB : Idéalement, un produit ou un service numérique écoconçu et qui le revendique s’appuie sur un tiers pour le prouver. Ce peut être un rapport d’ACV, un lien vers l’analyse EcoIndex.fr, une page qui décrit la démarche, etc. On peut aussi détecter les “rigolos” en fonction du vocabulaire utilisé “carbone” et “CO2” à la place de “gaz à effet de serre” et “équivalent CO2” par exemple. L’idéal étant de se former si on veut avoir la certitude de ne pas se faire avoir.
RH : si vous voyez éco-conception = réduction de la conso électrique, fuyez.
12. Quel est le coût d'un consultant pour qu'il analyse notre système et fasse des préconisations ?
FB : tout dépend du type d’analyse. Si c’est une analyse profonde de type revue critique avec ACV, etc. il faut compter entre 15 et 30 K€. S’il s’agit juste de lister les bonnes pratiques web mises en œuvre, on parle de quelques jours.hommes. Evidemment, cela dépend aussi de la taille et de l’hétérogénéité du service étudié.
13. Pour convaincre en entreprise, avez-vous une liste prêt-à-l'emploi de ces différents arguments économiques ?
14. Y a t il des choses que nous puissions faire en tant que designer facilement avec nos clients / employeurs sans pour autant trop les bousculer ?
RH : vous pouvez intégrer l’éco-conception comme une démarche normale de votre activité et non une option. Tout comme l’accessibilité numérique.
AF : Les sessions de sensibilisation interne sont un moyen intéressant et simple de générer de l’adhésion et de créer un engouement autour du sujet, permettant par la suite des prises de décision dans le sens de l’éco-conception. Vous pouvez aussi mettre en place des pratiques d’éco-conception dans vos projets sans les nommer, simplement en argumentant sur l’expérience utilisateur améliorée, le site plus léger…
FB : Yahoo! est mort. Google a gagné la bataille. Voulez-vous être le prochain Yahoo! ou le prochain Google ?
15. Est-ce que l'éco-conception est compatible avec l’identité visuelle et le design de marque ?
RH : Oui, Volkswagen l’a fait (ou a essayé de le faire). Plus sérieusement, on est dans le domaine du greenwashing au regard de l’activité de l’entreprise. C’est clairement une tentative ratée mais cela montre que même un constructeur automobile s’intéresse à l’écoconception d’un service numérique !
AB : Oui l’écoconception est tout à fait compatible avec l’identité visuelle et le design de marque tant que la démarche reste sincère et n’est pas un prétexte au greenwashing.
16. Comment intégrer ces process dans le cadre d'un projet aux très nombreux intervenants ?
FB : il faut considérer l’écoconception comme une facette en plus de l’UX, accessibilité, etc. et donc l’intégrer au même niveau dans le processus projet courant. L’enjeu étant d’ajouter le moins possible de bonnes pratiques à mettre en oeuvre (uniquement celles à plus fort effet de levier) pour que la démarche soit légère. Il faut monter progressivement en compétence de façon itérative.
AF : A terme, il sera nécessaire que tous les intervenants soient formés ou à minima sensibilisés à l’éco-conception pour une mise en place efficace. Il serait donc bénéfique de mettre en place le plus tôt possible des sessions de sensibilisation auprès de ses collègues, initiative simple à mettre en œuvre.
17. Avez-vous des pistes de réflexion sur les changements des mentalités/imaginaires pour rendre les services numériques éco-conçus (au moins) aussi attractifs que les sites ultra high-tech et énergivores ?
Plusieurs éléments de réponse :
Parfois les sites plus sobres sont plus attractifs (cf l'exemple de Frédéric avec Google vs Yahoo) :)
Attention à l'attractivité à tout prix : cela pose des questions éthiques sur la captologie :)
De nouvelles esthétiques sont développées et recherchées (cf ce que fait le Low Tech Lab par exemple) :) une esthétique low-tech voit le jour mais on en est encore aux balbutiements
AB : On peut tout a fait travailler sur le visuel avec de jolies illustrations comme sur le site La Coopérative des Internets ou le magazine Branch: A Sustainable Internet for All.
Fonctionnalités
18. Quel est le problème du scroll infini ?
Si jamais on charge que lorsque l'utilisateur est en bas ça veut dire qu'il veut voir plus non ?
Le scroll peut être comme une pagination : L'utilisateur scroll et arrive en bas donc on prépare X données supplémentaires à afficher.
AF : Le scroll pousse à consommer des données et à rester sur le service : c’est l’économie de l'attention dans laquelle notre attention devient une valeur marchande. Le chargement infini va inciter à regarder beaucoup plus de contenu que nécessaire et à passer beaucoup plus de temps sur le service. Le poids de la page va croître indéfiniment et la sollicitation des appareils également.
AB : Il est préférable de remplacer le scroll par une action explicite de l’utilisateur (bouton ou pagination). De cette façon l’action de cliquer sur “voir plus” est consciente et non un geste mécanique de scroller à l’infini.
19. En quoi parler de consommation énergétique revient à faire du greenwashing ?
FB : Les impacts environnementaux de l’électricité dépendent de comment elle est produite. Dans les bilans environnementaux standards on considère uniquement le potentiel d’épuisement de l’énergie primaire exprimé en MJ. Cf. https://www.greenit.fr/2020/01/21/lelectricite-nest-pas-un-indicateur-environnemental/
20. Dans la mesure où chaque service en ligne est susceptible de porter des enjeux différents (et donc d'utiliser des moyens certes proportionnés, mais différents), la création d'un "label" site éco-conçu est-elle vraiment réaliste ?
FB : L’important est de pouvoir comparer ce qui est comparable. C’est pour cette raison que nous croyons plus à des outils comme l’EcoIndex (cf. https://www.ecoindex.fr/comment-ca-marche/ et son plugin GreenIT Analysis), qui permettent de comparer des parcours utilisateurs avec le même “mètre”, qu’en un label pour l’instant trop complexe et coûteux à mettre en œuvre. En tout cas qui ne serait pas accessible financièrement pour tout le monde si on souhaite qu’il soit fiable. Il faut donc plus utiliser l’écoconception comme un outil que comme une fin en soi.
21. Est-ce que Wordpress est envisageable pour réaliser un site éco-conçu ?
FB : on peut générer des sites statiques avec Wordpress. Donc oui, c’est envisageable d’aboutir à un résultat ayant très peu d’impacts environnementaux. Mais surtout, rappelez-vous que c’est le non déclenchement de l’obsolescence du terminal de l’utilisateur qui est la clé de l’écoconception. C’est donc surtout au niveau du thème que cela se joue. On vient de créer une GT dédié sur ecoconceptionweb@googlegroups.com.
22. Pourquoi ne pas désactiver les caméras lors d’un webinaire ?
La caméra dans ce contexte n'est pas indispensable.
RH : Pour vous montrer nos sourires :) J’imagine que la question porte sur la sobriété numérique ? Bonne nouvelle, nous avons évité à 400 personnes de se déplacer.
AF : Par ailleurs, n’ayant pas d’outil permettant de sous-titrer en direct nos paroles, montrer nos visages permet à d’éventuelles personnes malentendantes de pouvoir lire sur nos lèvres.
23. Tous les outils en ligne stockent les fichiers de travail sans afficher leur poids (google, miro, figma...), on en perd. N'y aurait-il pas une action à mener sur ce sujet ?
RH : Vu sur certains sites “éco-conçus” que le poids des images étaient affichés. C’est bien ça sert à la sensibilisation. Mais un usager lambda ne se représente pas forcément ce que veut dire 50 Ko ou 3 Mo. Si affichage il y a, il faudrait peut être le couplé avec une jauge ou un indicateur visuel : rouge plus c’est gros / orange / vert plus c’est léger (mais attention à l’accessibilité de cette jauge).
24. L'approche éco-conception (ex: Mobile first) n'est elle pas limitante, notamment dans le cadre d'application SAAS ?
RH : Mobile-first est un exemple de démarche pour limiter les fonctionnalités à l’écran, mais pas la seule.
AF : En éco-conception, il s’agit toujours de sobriété, c’est-à-dire d’adaptation des moyens utilisés par rapport à la valeur produite. Cela est tout à fait compatible avec une application SAAS si c’est la seule manière de fournir le service aux utilisateurs. Il faudra alors tout de même l’optimiser selon les principes d’éco-conception.
25. Avez-vous des conseils pour les vidéos ?
Les vidéos pèsent énormément et chaque seconde une personne poste une vidéo HD par exemple un youtubeur en train de manger des burgers, etc...
AF : Le guide comporte une rubrique dédiée à ce sujet, notamment sur la compression efficace des contenus vidéos. Voir ce tutoriel : https://theshiftproject.org/guide-reduire-poids-video-5-minutes/
FB : attention à ne pas confondre les résultats des ACV attributionnelles avec les sources d’impacts dans la vraie vie. Une fois que votre ordinateur ou votre télévision sont fabriqués, l’essentiel des impacts associés au visionnage d’une vidéo en ligne ont déjà eu lieu. L’enjeu est donc de produire des contenus vidéos qui n’engorgent pas les tuyaux (ce qui nous obligerait à migrer vers la 5G / 6G / etc.) et surtout qui ne déclenchent pas l’obsolescence des terminaux qui concentrent les impacts. C’est ce dernier point qui est le plus critique.
26. Que pensez-vous des pratiques des médias sociaux comme Instagram qui poussent à faire des stories tout le temps pour se rendre plus visible ?
Quel est l'impact des stories ? A-t-on un moyen de le mesurer pour sensibiliser les personnes là-dessus ?
AF : On sait que la vidéo représente entre 60 et 90% du trafic internet ! C'est notamment dû à l'usage de la vidéo sur les réseaux sociaux. Toutes n’apportent certainement pas suffisamment de valeur par rapport à l’impact environnemental généré mais il est difficile d’évaluer objectivement la pertinence des vidéos. En revanche, il serait judicieux de généraliser la suppression des vidéos au bout d’un temps donné : beaucoup ne sont en effet pertinentes que le temps de véhiculer le message et n’auraient probablement pas besoin d’être stockées sur des serveurs pendant des années si c’est pour n’être jamais visionnées.
27. Le mode sombre n'est-il pas une pratique moins énergivore ?
Ne doit-on pas aller vers des sites de plus en plus sombres ?
FB : Seul un thème strictement noir (sombre ne suffit pas) permet de réduire la consommation électrique, mais uniquement sur les écrans OLED et AMOLED, qui sont encore loin d’être généralisés. Le gain en terme de consommation électrique peut être intéressant pour gagner quelques minutes d’autonomie mais il n’aura pas d’impact significatif en terme de réduction d’impacts environnementaux. Rappelons que ce sont avant tout d’autres aspects de la conception qui permettront d’augmenter l’autonomie : éviter d’interroger le back à tout bout de champ, limiter au maximum le nombre de notifications, échanger le moins de données possible, s’appuyer sur les fonctionnalités bas niveau du navigateur et de l’OS, etc.
Mesures, normes et législation
28. Quels sont les arguments du gouvernement pour ne pas intégrer les éléments d'éco-conception dans la loi climat ?
FB : sur ce sujet, les pouvoirs publics sont plus dans une logique d’incitation que de contrainte.
29. Existe-t-il un référentiel d'évaluation éco-conception au même titre que RGAA pour l'accessibilité pour définir le score d'un produit digital ?
FB : oui, c’est le référentiel de conformité du collectif qui est actuellement en v3 avec une v3.1 en préparation. (V4 actuellement)
RH : un référentiel de conception responsable de services numériques porté par différentes institutions est en train d’être construit avec des centaines de contributeurs de divers horizons et de métiers différents (pas que des développeurs) et sera proposé en consultation publique d’ici l’automne.
30. Existe-t-il des calculateurs d'empreinte carbone pour mesurer la différence entre un design éco-conçu et un design traditionnel ?
Il y a une vraie difficulté à valoriser la réduction de l'empreinte environnemental alors qu'on a souvent l'impression de naviguer à vue, sans pouvoir vraiment mesurer
FB : le plus simple est de réaliser un parcours utilisateur type (correspondant à l’unité fonctionnelle) avec GreenIT-Analysis avant et après écoconception.
AB : Pour plus d’infos, voir la section Evaluer et mesurer - Le guide d'éco-conception de services numériques
31. Quels sont les 4 niveaux d'écoconception numérique ?
FB : voir https://www.eco-conception.fr/static/leco-conception-pour-tous.html
32. Est-ce que frugalité et sobriété sont synonymes ?
Comment faire sobre sans être austère ?
FB : Frugalité et sobriété visent à concevoir des services numériques centrés sur l’essentiel. L’idée ce n’est pas d’être austère mais d’apporter la juste réponse. L’écoconception dépasse de loin la simple interface graphique. Elle porte surtout sur la conception du produit / service numérique. Cela consiste parfois à supprimer un terminal numérique pour le remplacer par autre chose : un tableau dans une école, un SMS plutôt qu’une appli mobile, un simple mail plutôt qu’une appli AngularJS / Bootstrap, etc. Tous ces cas sont du vécu. La sobriété dépasse donc le caractère austère ou pas d’une IHM. Personnellement, dans une économie de l’attention exacerbée, je cherche à concevoir des interfaces apaisées / apaisantes. C’est une valeur ajoutée supplémentaire à proposer aux utilisateurs.
33. Est-on en mesure de calculer le lien entre le poids d'une page et la durée de vie d'un smartphone ?
FB : plus que le poids, c’est la complexité et donc l’effort à fournir par le smartphone qu’il faut prendre en compte car c’est le sentiment de lenteur qui déclenche le renouvellement de l’appareil.
34. Le design system de l'état à t-il été audité sous l'angle écologique par l'association ?
https://www.systeme-de-design.gouv.fr/
FB : [en référence au site atlassian.net, à la mi-mars 2021] C’est comique. j’ai un message “Browser not supported” quand je tente de me connecter. Un bel exemple d’obsolescence déclenchée par un front trop exigeant techniquement…
RH : j'ai échangé avec le SIG sur le Design System de l’Etat pour la prise en compte d’indicateurs environnementaux. Il est difficile d’évaluer des composants web. L’éco-conception comme on l’a dit s’applique à une unité fonctionnelle. Toutefois, des pistes ont été dégagées notamment pour la sensibilisation des concepteurs qui utiliseront le design system : utilisation sélective des composants et des fonts par exemple..
35. Quel est l'intérêt de faire un équivalent CO2 des économies de poids et de temps de calcul ?
De tels calculs me semblent difficiles à faire correctement tellement la chaîne est complexe, mais plus gênant encore, il permet aux partisans du nucléaire de prétendre que le problème n'existe pas.
FB : Il faut quantifier les impacts pour leur donner une matérialité et avoir des repères et notamment être capable de mesurer les progrès dans le temps et la marge de manœuvre dont on dispose par rapport aux autres services numériques proches du nôtre. Par ailleurs, ce n’est pas si difficile que ça à réaliser, mais c’est un métier à part entière comme UX, DEV, etc.
36. Un site comme Unsplash aura forcément plus d'images, même légères, que le site de Vendredi. Comment évaluer avec des sites comparables ?
Pareil, les sites commerciaux vont avoir des chatbots…
FB : j’ai conçu l’EcoIndex spécifiquement pour permettre ce type de comparaison. C’est notamment pour cela qu’il repose sur des indicateurs techniques qu’on peut récupérer sur n’importe quel site web public. Pour effectuer la comparaison, il suffit de réaliser la même unité fonctionnelle / acte métier sur l’ensemble des sites à comparer. Par exemple avec l’extension GreenIT-analysis pour “enregistrer” le parcours utilisateur sur chaque site.
AB : Pour plus d’infos, voir la section Evaluer et mesurer - Le guide d'éco-conception de services numériques
37. On parle de l'impact du téléchargement sur le pc qui visualise le site. Si un utilisateur télécharge une image de 20mo ou de 200mo, sur son stockage perso ça change rien sur l'impact environnemental ?
FB : le stockage est la partie la moins impactante en termes de source d’impact. On a désormais des PC standards d’entrée de gamme commercialisés avec 500 Go ou 1 To d’espace disque par défaut. Le sujet est donc plutôt la puissance nécessaire pour construire le DOM et l’afficher.
38. L'arrivée de la 5G ne va-t-elle pas anéantir cette vision de l'éco-conception ?
FB : je ne pense pas. D’une part parce qu’une grande partie de la France attend encore une bonne 4G ou la fibre et que la 5G n’est pas prête d’arriver à certains endroits. D’autre part, la 5G ne compense pas la puissance (RAM, CPU) du terminal.
39. Quel outil est utilisé pour calculer les différents critères influant sur le poids d'une page ?
Sur votre navigateur, dans Inspecter la page > Requêtes, vous aurez les éléments et leurs poids
FB : pour aller plus loin dans cette logique, vous pouvez utiliser GreenIT-Analysis et le simulateur d’Ecoindex.