2. Définir le besoin et éliminer ce qui n’est pas essentiel
Avant de passer à l’étape de conception, il est crucial d’évaluer précisément les besoins pour éviter d’ajouter sans le vouloir des fonctionnalités inutiles. Environ 45% des fonctionnalités demandées ne sont jamais utilisées, et 70% ne sont pas essentielles (Ecoconception web : Les 115 bonnes pratiques). La définition du besoin est donc une étape capitale et doit se faire avec les parties prenantes au projet.
L’écoconception est donc une démarche globale d’amélioration continue, dont l’objectif est la réduction des impacts environnementaux, notamment via la sobriété numérique. L'une de ses clés principales est l’unité fonctionnelle.
L’unité fonctionnelle correspond à la fonction principale que remplit le service et se traduit souvent par un acte métier. Par exemple : “Acheter une place de concert”, “Regarder une vidéo de 5 mn depuis un smartphone en 4G”, “Rechercher un numéro de téléphone”, “Échanger 20 mn en visio”, “Prendre RDV chez le médecin depuis un ordinateur portable”…
Les questions à se poser
Le premier besoin à évaluer est celui du service numérique en lui-même :
- L’utilisation du numérique pour ce service est-elle nécessaire ?
- Existe-t-il d’autres solutions non-numériques pour répondre à ce besoin ? (voir Dé-numériser, re-matérialiser).
Critère 1.9 du RGESN
Privilégier des technologies standard interopérables (comme le SMS plutôt qu'une notification digitale) permet de valider le critère 1.9 du référentiel général de l'écoconception des services numériques.
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On peut ensuite s'interroger sur les autres besoins à définir :
- Quels sont les réels besoins justifiant la création du service ?
- La valeur ajoutée du service justifie-t-elle la mobilisation des ressources requises pour sa création ? Est-ce qu’on crée plus de valeur qu’on en détruit ?
- Cette fonctionnalité est-elle vraiment nécessaire ? Est-ce qu’on peut faire autrement ?
- Que se passerait-il si on ne l’avait pas ?
- Quelle est la quantification minimale répondant aux besoins des utilisateurs ? Nombre de résultats, résolution d’image, qualité de son, durée de vidéo…
Critère 1.1 du RGESN
Répondre de façon argumentée aux questions ci-dessus permet de valider le critère 1.1 du référentiel général. de l'écoconception des services numériques.
NB : Il est recommandé de compléter par "une analyse qualitative des impacts environnementaux directs et indirects potentiels liés au service, qui se traduira par la réalisation d’un arbre de conséquences".
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Critère 4.7 du RGESN
Opter pour les choix les plus sobres entre le texte, l’image, l’audio ou la vidéo, selon les besoins utilisateurs, permet de valider le critère 4.7 du référentiel général de l'écoconception des services numériques.
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Critère 6.6 du RGESN
Restreindre l’usage des capteurs des terminaux utilisateurs au besoin du service (éviter la géolocalisation par exemple) permet de valider le critère 6.6 du référentiel général de l'écoconception des services numériques.
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Fonctionnalité non-essentielle
BBC podcast nous offre 2 choix de téléchargements : “haute qualité” et “basse qualité”.
Par défaut, si on ne connaît pas l’impact de l’un ou de l’autre, on va choisir l’option “haute qualité” qui est 2 fois plus lourde. Or à l’oreille la différence n’est pas ou peu perceptible.
L’unité fonctionnelle est certainement “Écouter une émission en podcast” et non pas "Écouter une émission en haute qualité ou basse qualité”
On pourrait donc ici éliminer une fonctionnalité non-essentielle et ne garder qu’une option de téléchargement : l’option basse qualité, sans la nommer ainsi !
Pour aller plus loin
Le rôle indispensable de l’expérience utilisateur (Green UX)
La Green UX désigne le fait de rester centré sur les besoins réels et les attentes des utilisateurs, pour limiter son impact environnemental. Ecoconcevoir, c'est revenir aux principes fondamentaux de la conception centrée utilisateur, parfois dévoyée à des fins commerciales (voir la partie sur le risque de Greenwashing et le design persuasif).
Aller à l’essentiel du besoin ne va pas au détriment de l’expérience utilisateur, bien au contraire. Un exemple pour illustrer ce principe est la différence entre l’approche de Google qui propose un logo et un simple champ de saisie, par opposition à la page d’accueil de Yahoo! chargée d’informations inutiles : météo, bourse, actualités, horoscope, publicités, etc. (Ecoconception web : Les 115 bonnes pratiques).
Sans compter le nombre de requêtes serveur au moment du lancement d’une recherche, ces 2 exemples extrêmes répondent au même besoin attendu d’un moteur de recherche, à savoir l’unité fonctionnelle “Effectuer une recherche sur le web”, mais avec 2 approches UX complètement différentes. La première approche est la plus efficace en termes de besoin, mais également la plus appréciée des utilisateurs. D’autres moteurs de recherche tels que Qwant ou DuckDuckGo, plus respectueux de la vie privée, utilisent également ce principe de simplicité.
De plus, appliquer une approche “Green-UX” a des conséquences sur l’ensemble du processus de fabrication du service numérique :
- les décisions concernant la composition d’une interface,
- le choix de composants et de fonctionnalités,
- le parcours de navigation.
Cela se répercute automatiquement sur les métiers du design, du développement, de la mise à jour et de la maintenance du service. Il est donc primordial d’avoir une réflexion de sobriété et d’efficacité orientée sur les utilisateurs et utilisatrices afin de réduire l’empreinte environnementale finale du service.
Critère 1.2 du RGESN
Définir ses cibles utilisatrices et leurs attentes réelles concernant le service permet de valider le critère 1.2 du référentiel général de l'écoconception des services numériques.
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