Concevoir sans dark patterns
Guide à l’intention des designers

6.8 Élément d’interaction avec d’autres utilisateurs

Temps de lecture de la page : 7 min 

→ D’autres éléments poussent à l’interaction avec des utilisateurs. Pour être au maximum respectueux de l’utilisateur, il faut :

Éviter l’usage de likes

Le like ou bouton "J'aime" serait apparu en 2000 sur Digg et Reddit, selon Carolin Gerlitz et Anne Helmond.
Il s’est ensuite popularisé et est arrivé sur Facebook en 2009. Il s’agissait alors d’un pictogramme d’un pouce levé bleu. Il a par la suite émergé sur une multitude de plateformes de YouTube, à Instagram, en passant par Twitter avec des formes variées, passant des étoiles aux cœurs.

Pouce bleu de Facebook

À l’origine, les likes étaient employés uniquement comme système de validation. Il n’y avait aucune identification des utilisateurs ayant liké ou du nombre de likes. Les données des personnes qui avaient liké tel ou tel contenu n’étaient pas exploitées par des algorithmes. Cela ne conditionnait pas ce que les utilisateurs voyaient.

Son utilisation a rapidement été employée comme une récompense (voir Hooked de Nir Eyal). 
L’utilisateur était entraîné dans une course aux likes. Elle répond à un besoin de validation sociale qui est un besoin fondamental de l’être humain.

  1. L’utilisateur A publie un contenu (action d’intégration sociale)
  2. L’utilisateur A « Like » un contenu d’un autre utilisateur B (permets d’intégrer un groupe)
  3. L’autre utilisateur B a des chances de liker un des postes de l’utilisateur A. (car on a tendance à aimer ceux qui nous aiment et on se sent obligé de liker : boucle de rétroaction de validation sociale)
  4. L’utilisateur A reçoit un « Like » (récompense sociale)

Les likes aujourd’hui sont utilisés pour augmenter l’engagement de l’utilisateur en lui proposant des contenus adaptés.
En se basant sur ce que l’utilisateur a déjà liké, l’interface met en avant d'autres contenus que l’utilisateur pourrait aimer (voir partie sur les Algorithme de recommandation).

Exemple
Post Mastodon. Sous le post, il y a quatre icônes : conversation, republication, favoris et télécharger.

Likes minimisés

Mastodon est un exemple de service qui minimise l’utilisation des likes (ici « Ajouter aux favoris »).
L’utilisateur ne voit pas le nombre de personnes qui a liké une publication. Cette absence de fonctionnalité permet d’éviter cette « course aux likes ».

Les likes d’émotions

Apparus sur Facebook en 2016, les likes d’émotions permettent aux utilisateurs de mettre en avant leurs émotions suscitées par différents contenus.
Ces likes d’émotions dits « réactions » utilisent les 6 émotions de base universelles de Paul Ekman qui sont : la joie, la surprise, la tristesse, le dégoût, la colère et la peur. 

Ces émotions de bases ont été retravaillées par les entreprises pour créer les likes d’émotions.

Exemple

Like d’émotions de Facebook

Facebook a conservé :

  • la joie sous la forme d’un rire ;
  • la surprise avec l’émoji qui dit Wow ;
  • la tristesse et
  • la colère.
    Elle n'a pas gardé le dégoût et la peur et les a remplacés par le like et le love.
6 icônes facebook. Like avec un visuel pouce en l'air sur fond bleu, Love avec cœur sur fond rose, Haha smiley riant, Wow smiley avec la bouche ouverte, Sad smiley triste, Angry smiley énervé avec le front rouge.
Exemple

Likes d’émotions de LinkedIn

LinkedIn de son côté propose aux utilisateurs de sélectionner les émotions :

  • j’aime ;
  • j’adore ;
  • bravo ;
  • soutien ;
  • instructif ;
  • drôle.
    Les émotions mises en avant par LinkedIn sont légèrement différentes des émotions choisies par Facebook et des émotions de base. Elles se centrent plus sur l’univers du travail.
6 icônes LinkedIn. Pouce bleu, main verte qui applaudissent, main violette avec un coeur rouge au-dessus, coeur rouge, ampoule jaune brillante, smiley riant bleu clair.

Pourquoi les likes d’émotions sont néfastes

L’usage de ces likes facilite le travail de ciblage des algorithmes. Les données recueillies sont plus nombreuses et précatégorisées de manière plus précise. L’utilisateur peut sélectionner différentes émotions selon sont ressenties sur le post. Avant il ne pouvait que liké ou ne pas liké. 

Cette collecte de données est ensuite monétisée. Et le ciblage permet à Facebook de proposer un fil d’actualité spécifique pour que l’utilisateur reste le plus longtemps possible sur l’interface.

Ne pas pousser au partage

Le partage permet de faciliter la circulation d’un contenu entre utilisateurs. Le partage est donc positif tant qu’il reste libre et choisi et non subi par l’utilisateur.
Il est considéré comme problématique lorsqu’il est forcé et conditionne l’accès à un contenu ou à un service.

Exemple
Étape 2. Sur la gauche, Prénom, pouvez-vous contribuer à hauteur de 5€ pour pousser cette pétition dans l’actualité? Suivi d’un descriptif et de deux boutons : “Oui je contribue à hauteur de 5€ pour partager cette pétition” et “Non je préfère partager” Sur la droite nous voyons la liste des personnes qui ont apporté leurs soutiens ainsi que le montant.

Partage incité

Sur le site Change.org, après que l’utilisateur a signé une pétition, le service l’incite à partager ou à contribuer financièrement.

Ne pas mettre en avant le nombre de personnes en train de regarder un contenu

L'affichage du nombre de personnes en train de regarder un contenu entraîne différentes conséquences selon les cas. Dans le cas :

  • d'une vente : pousse les utilisateurs à l’achat compulsif. Par peur de manquer une « bonne affaire ».
  • d’un visionnage direct : incite à une course aux visionnages (similaires aux courses aux likes).
Exemple
Site Twice, page d’un spectacle. Une pop up rouge apparaît en haut à droite nous indiquant “21 personnes ont vu cet événement au cours de la dernière heure”.

Mises en avant du nombre de personnes

Le site Twice met en avant le nombre de personnes regardant la place de concert en même temps que nous. L'utilisateur aura un sentiment d'urgence. Il aura tendance à réserver rapidement sans prendre le temps de réfléchir à son besoin.