Concevoir sans dark patterns
Guide à l’intention des designers

6.1 Accès à l’information

Temps de lecture de la page : 6 min 30

→ L’accès au contenu de votre service numérique doit être possible pour toute personne. 
Il faut :

Éviter de conditionner l’affichage de certaines fonctions ou contenus à des renseignements

En conditionnant l'accès d'un contenu, on pousse l'utilisateur à fournir des informations personnelles. Il y a atteinte à la liberté de l’utilisateur. Cela comporte des risques d’exclusion. Par exemple pour les personnes ne disposant pas d’adresse email.
De même lorsque l’accès de votre site est soumis à l’acceptation de cookies.

Cette pratique est à éviter. Particulièrement quand le but est de recueillir des informations sur les utilisateurs.

Exemple
Page pour télécharger le livre blanc “Le cercle vertueux de l’engagement”. Images et description du livre blanc et zone pour télécharger le livre blanc avec une liste de champs à remplir afin de pouvoir avoir le livre blanc.

Document soumis à des informations personnelles de l'utilisateur

Pour accéder au livre blanc, l’utilisateur doit renseigner des informations personnelles. L’interface lui demande :

  • nom ;
  • prénom ;
  • adresse mail ;
  • entreprise ;
  • taille de l’entreprise ;
  • poste.

Si l’utilisateur a besoin du document, il sera contraint de donner ces renseignements.

Bonnes pratiques si cela ne peut être évité

Si vous ne pouvez pas faire autrement :

  • soyez transparent
    • expliquer à quoi vont servir ses informations personnelles ;
    • expliquer le cadre de l’utilisation des informations ;
  • demandez le strict minimum d’informations ;
  • ajoutez un court résumé du document. L’utilisateur pourra comprendre la nature exacte du document.

Cas particulier

L’affichage conditionnel est acceptable. Si la lecture de l’article est soumise à un paiement financier de la part de l’utilisateur. Comme dans le cas de certains journaux ou articles de recherche, dont c’est le modèle économique. Il faudra expliquer pourquoi l'article n’est pas visible sans paiement et les bonnes pratiques.

Exemple
Page web du site Cairn avec le descriptif du magazine i2D. On peut voir le descriptif. Le détail de l’article est payant.

Article avec accès conditionné

Dans le cas du magazine i2D, l’accès à l’article est conditionné au paiement. Il s’agit de la principale source de revenus du magazine.
Nous avons accès à un résumé de l’article visible, pour nous permettre de savoir si l’article correspond à ce que nous cherchons, avant de devoir payer.

Travailler sur l’interopérabilité des services réseaux

L'interopérabilité correspond à la capacité des matériels, logiciels et protocoles différents à :

  • travailler ensemble ;
  • partager des informations.

Cette capacité est possible sans action particulière de la part des utilisateurs.

Exemples d’interopérabilité

Télécommunications

Qu’un utilisateur emploie comme opérateur Bouygues, Orange, SFR ou TeleCoop, il pourra contacter un utilisateur recourant à un opérateur différent du sien.

Service de messagerie

Un utilisateur A se servant d’une messagerie Gmail pourra envoyer un mail à un utilisateur B utilisant Outlook. Les deux utilisateurs, même s’ils utilisent des services de messagerie différents, pourront communiquer l’un avec l’autre.

Ces deux exemples d’interopérabilité sont invisibles pour les utilisateurs. Aucun effort supplémentaire ne leur est demandé.

Pourquoi choisir l’interopérabilité ?

L’interopérabilité permet à l’utilisateur de choisir le service qui répond le mieux à ses besoins. D'un point de vue de :

  • l’accessibilité ;
  • prix ;
  • la notoriété ;
  • l'esthétisme ;
  • etc.
sans interopérabilité avec l’interopérabilité
Le service à la main mise sur les améliorations et le prix. Par exemple, Kindle, liseuse de livres numériques, accepte un seul format. Elle n'accepte pas le format EPUB (format ouvert et standardisé). Une concurrence saine est possible. De nouveaux acteurs peuvent venir traiter des éléments (fonctions, besoins, etc..) de manière différente et innovante. Il n’y a pas d’effet de réseau. L’utilisateur peut changer de service sans perdre le travail réalisé. Le service permet de tout transférer. Et (pour un service de communication) de continuer à communiquer avec les mêmes personnes qu’avant.

L’interopérabilité des services fait partie du Digital Service Act (point 4).

Exemples de services pratiquant l’interopérabilité

Fédiverse

Le Fédiverse venant de « fédération » et « univers », désigne une fédération de serveurs formant un réseau social. Ce réseau comprend de nombreux services comme :

  • Mastodon (Microblogging) ;
  • Peer Tube (diffusion de vidéo); 
  • WordPress (site).

Les différents services de ce réseau emploient des protocoles d’échanges communs ou des ponts entre protocoles. Cela permet de communiquer entre eux de façon transparente pour l’utilisateur.

Un des protocoles est ActivityPub (recommandation W3C 2018), standard ouvert. Il est employé pour permettre aux services d'échanger. L’utilisateur peut ainsi interagir entre Mastodon (microbloging) et Pleroma (microbloging). 

Une autre manière est le pair à pair avec WebTorrent, Bittorrent ou autre protocole de pair à pair (P2P). Ils permettent de partager dans un fil de discussion (de Mastodon ou Pleroma) des articles de blog (Write Freely, WordPress), des articles de recherche (d’Okli), etc.

Vision de Fediverse et des interactions entre les outils en faisant partie.
(Crédit : Omke Senst & Mike Kuketz)

Passerelles

Passerelles, est une plateforme numérique. Elle travaille sur la collaboration, sur une même thématique, entre différents intervenants. La plateforme a pour ambition d’être un commun numérique. S’adaptant aux besoins des utilisateurs grâce, entre autres, à plusieurs outils numériques interopérables.

Visuel du logiciel Passerelles
(source : site Passerelles.encommun.io)