2. Appliquer
Une fois ses connaissances et compétences acquises, on peut les mettre en pratique sur ses projets ! Pas besoin de mettre en place une démarche complète d’écoconception du jour au lendemain ! Nous recommandons de commencer petit. Voici des pistes allant du simple auto-diagnostic au déploiement à grande échelle.
a. Auditer
Dans nos formations chez Designers Ethiques, mais aussi dans d’autres formations sur le marché, nous apprenons à évaluer l’empreinte d’un parcours utilisateur. voir Evaluer et mesurer
Vous pouvez par exemple :
À votre échelle
- Tester les parcours en connexion faible (3G moyenne par exemple) avec les outils de développement de votre navigateur (voir comment faire). Cela permet d’obtenir des objectifs quantifiés au croisement de l’expérience utilisateur, l’écoconception et la performance web.
- Évaluer l’empreinte du parcours utilisateur correspondant à votre unité fonctionnelle sur votre propre site (vitrine ou BtoC) ou sur ceux de vos clients. voir Evaluer et mesurer
- Identifier les pages / fonctionnalités les moins éco-conçues pour commencer une amélioration continue sur un petit périmètre.
- Présenter les résultats de l’évaluation d’empreinte à vos équipes / management en faisant des équivalences parlantes : pour X utilisateurs annuels, cela équivaut à X piscines olympiques en eau et X km en voiture (voir le comparateur Impact C02).
- Comparer les résultats avec les concurrents en mesurant chez eux ou en utilisant les baromètres publiés existants (voir le Baromètre GreenIT).
- Evaluer l’empreinte des sites sur lesquels vous travaillez 6 mois plus tard pour voir l’évolution au cours du temps et identifier les points d’amélioration ou de régression.
En équipe
- S’auto-auditer avec le RGESN et échanger sur ses interrogations sur le canal #communaute_rgesn du Slack Designers Ethiques.
- Intégrer systématiquement l’audit d’écoconception dans les audits sur les projets.
- Analyser le design system et les frameworks utilisés pour identifier s’ils ne font pas exploser le DOM.
- Mettre en place une solution automatisée d’analyse sur le site (automatisation de GreenIT-Analysis ou solution payante) pour suivre l'évolution dans le temps.
b. Optimiser
L’audit, simple ou complet, que vous avez effectué sur votre service vous aura permis d’identifier des “quick wins”, des actions améliorant rapidement votre performance sans charge de travail conséquente. En voici quelques exemples.
- Nettoyer les contenus obsolètes : parfois de vieux articles ou certaines pages de la FAQ n’attirent aucune visite voire frustrent les utilisateurs par des informations qui ne sont pas à jour. Ce nettoyage peut améliorer la performance de votre service.
💡 Par exemple lors de la refonte de son site, Dalkia est passé de 2400 à 600 pages et a vu l’engagement doubler et les internautes visiter 13% plus de pages.
- Clarifier les unités fonctionnelles : les définir clairement en équipe et s’aligner sur leur ordre de priorité. Cela peut faire l’objet d’un atelier de stratégie de 1h30 par exemple. Voir la définition de l’unité fonctionnelle
- Simplifier le contenu des pages : des pages simples au contenu bien structuré raccourcissent le parcours utilisateur et donc son impact environnemental.
💡 Lors de la refonte de son site, Grenoble Alpes Métropole a travaillé avec ses journalistes sur la rédaction de contenu facile à comprendre et rédigé pour le web. Les retours utilisateurs ont été très positifs.
- Simplifier les parcours : identifier les incompréhensions des utilisateurs et proposer un parcours fluidifié. Par exemple réduire le nombre de clics pour effectuer une action récurrente.
- Supprimer les fonctionnalités superflues : impliquer les utilisateurs pour identifier les fonctionnalités peu ou pas utilisées et les décomissionner si possible pour réduire le nombre de cas et améliorer la maintenabilité.
- Être vigilant sur l’application des bonnes pratiques, notamment concernant les images. Voir Sensibiliser et embaquer
- Proposer des améliorations techniques : cela nécessite un peu plus de connaissances techniques, mais en fonction de votre audit vous pouvez proposer la suppression d’une fonctionnalité, l’amélioration de la mise en cache, l’optimisation de requêtes…
- Mettre en place une politique d’archivage / de suppression des contenus et données.
c. Expérimenter
Une fois que vous avez analysé la performance du service, vous pouvez identifier un petit périmètre par lequel commencer :
- un processus d’amélioration continue : tant qu’à être sur le point de revoir telle page ou telle fonctionnalité, autant embarquer des améliorations d’écoconception
- une expérimentation locale : A-B tester des pages éco-conçues
- la refonte / l’écoconception d’un site : mener un projet pilote de site éco-conçu, rédiger sa première déclaration d’écoconception
d. Outiller
Lorsque l’on applique l’écoconception dans ses projets, on se constitue sa boîte à outils. Mais pourquoi réinventer chacun·e la roue de son côté ? Mettre en commun ses ressources, mutualiser ses outils, c’est accélérer l’adoption de la démarche à grande échelle.
- Identifier d’autres personnes intéressées ou sensibilisées au sein de son organisation pour mettre en commun ses ressources, savoirs, initiatives, méthodes de travail ou d’organisation…
- Créer des ressources réutilisables :
- pages de présentation de l’écoconception pour des clients afin d’avoir les arguments “clé en main” pour les convaincre (budget, temps, maintenabilité…)
- boîte à outils de checklists et plugins à utiliser au quotidien
- liste de bonnes pratiques par métier (contributeur, développeur front…)
- …
- Publier en commun numérique ouvert les ressources ou méthodes éprouvées
e. Déployer
Une fois les premières expérimentations et structuration de ressources menées, il est possible d’intégrer l’écoconception à chaque phase des processus de travail.
Quelques exemples :
- En amont de projet, se fixer des objectifs / niveaux d’écoconception cibles.
- Intégrer les UX en amont de la phase de design UI pour vérifier si d’éventuelles optimisations de parcours sont possibles.
- Mieux challenger le besoin client (vs attentes réelles de l’utilisateur).
- Inclure une dimension écoconception durant les phases d’atelier sur une fonctionnalité (avec les développeurs et designers). Par ex : Définir / Mettre en place un éco-score par fonctionnalité lors de la conception projet.
- Intégrer des critères d’écoconception dans les arbitrages.
- Concevoir en mobile-first.
- Intégrer l’écoconception à chaque nouveau projet.
Voir plus de bonnes pratiques dans le Guide d’écoconception.
Pour accélérer cette intégration, certaines initiatives peuvent vous aider :
- Nommer un·e référent·e en interne qui porte et anime le sujet.
- Constituer une équipe de personnes intéressées (communauté de pratiques, tribu...) afin de permettre à d’autres personnes d’être des relais et de maximiser l’adhésion.
- Avoir des personnes dédiées aux contrôles écoconception au même titre que pour l’accessibilité
- Intégrer l’écoconception dans les OKR (en savoir plus sur la méthode OKR).
- Intégrer l’écoconception dans les objectifs individuels / métiers.
- Modifier les processus d’achat pour allonger la durée de vie du matériel (ordinateurs, écrans, smartphones…) notamment (voir les guides MinumEco).
La mise en place de ces actions dépendra bien sûr du sponsorship interne donc vous bénéficiez, de la mission et de la maturité de votre organisation sur ce sujet.