Publication du RGESN - Ce que l'on en retient

Vendredi 17 mai 2024 était publié le référentiel général de l’écoconception des services numériques dans sa nouvelle version. Nous vous racontons ce que nous en avons pensé.

Contexte

Élaboré en application de la loi REEN par l’Arcep et l’Arcom, en lien avec l’ADEME, le référentiel est un outil d’action et de sensibilisation pour intégrer les enjeux environnementaux dès la conception d’un service. La Direction interministérielle du numérique (DINUM), l’Inria et la CNIL ont également collaboré à sa réalisation.

Cette nouvelle version a été introduite par la ministre Marina Ferrari et les présidents Laure de La Raudiere de l’ARCEP, Roch-Olivier Maistre de l’ARCOM et Sylvain Waserman de l’ADEME.

Le RGESN a ensuite été présenté par Sandrine Elmi Hersi de l’ARCEP et Marianne Serfaty de l’ARCOM suivi de démonstrations avec Temesis et Limites numériques, ainsi qu’une table ronde des acteurs du numérique avec Mellie Laroque de Designers Éthiques, Numeum, France TV, et FFtélécoms.

Nous avions eu le plaisir de participer, avec Designers Éthiques, également en tant que contributeur·rices aux consultations et à l'atelier de concertation de 2023.

Ce que l'on retient

Cette nouvelle publication marque une belle avancée du sujet de l'écoconception à l'échelle française et internationale, celle-ci doit se poursuivre pour accroître son impact dans les mois à venir.

👏 Ce que l'on applaudit :  

  • Le référentiel contient désormais des degrés de priorité sur ses critères. Quoique la pondération est légère ( de x1 à x1,5), c'est un progrès pour la mise en avant des critères les plus importants comme l'évaluation de l'utilité du service.
  • Le référentiel officiel porté par une institution étatique va grandement aider sa diffusion dans l'industrie du numérique. Nous constatons d'ores et déjà l'adoption de la version 1 créée par la DINUM dans les organisations répondant aux appels d'offre publics et les entreprises partiellement détenues par l'Etat. 
  • Dans la foulée de la publication du rapport sur l'économie de l'attention publié par une commission constituée d’experts issus de la « société civile » commanditée par Emmanuel Macron et présidée par Servane Mouton et Amine Benyamina, les liens entre écoconception et respect de la charge cognitive des utilisateurs a beaucoup été mis en avant : possibilité de gérer ses notifications, bannir le défilement infini… Ce sujet a acquis un bel engouement récemment.
  • Le RGESN ne s'arrête pas là puisqu'il continuera d'être amélioré et porté, notamment sous la forme d'un "Forum des parties prenantes de l'écoconception numérique".
  • Le RGESN est traduit en anglais (ce qui était attendu par certains membres de la communauté internationale comme au groupe de travail du W3C sur les Web Sustainability Guidelines). Il sera poussé à l'Union Européenne, avec, on l'espère, des transpositions dans d'autres pays. 
  • L'intelligence artificielle et les algorithmes ont été ajoutés comme rubrique du RGESN.

😕 Ce que l'on regrette : 

  • Le manque de mention de l'intérêt de l'écoconception dans la lutte contre la fracture numérique (uniquement rappelée par Julien Wilhelm de Temesis). 
  • Le rappel quasi-systématique dans la table-ronde de l'importance de sensibiliser les utilisateurs finaux : trop se reposer sur la responsabilisation du consommateur risque de poursuivre sa culpabilisation alors même que sa capacité d'action est limitée.
  • Le manque de recul critique sur l'intérêt de l'intelligence artificielle comme technologie à développer dans de nombreux cas d'usage, au delà de parler de son écoconception. De même, il a été beaucoup mentionné les actions des grandes entreprises et opérateurs mais à aucun moment des effets rebond dont ils sont responsables. Leurs modèles économiques incitant à la surconsommation ont même pu être défendus par certains membres du panel. Leurs modèles économiques incitant aujourd'hui à la surconsommation devront se réinventer pour aller au-delà d'une écoconception de façade et engager un vraie démarche de sobriété basée sur l'économie de la fonctionnalité.

Nous savons que le RGESN était attendu et sa nouvelle publication marque une belle avancée du sujet de l'écoconception à l'échelle française et internationale. Nous espérons qu'il sera à terme obligatoire pour les services publics et privés afin d'accroître son adoption.